© Miliana Bidault
Créer cette pièce se résume vraisemblablement à poser une question fondamentale : quelle pourrait être la révolte d’un Juste d’aujourd’hui ? Qui est le grand Duc du XXIème siècle ? Ou plutôt que représente-t-il dans notre société contemporaine ? Une question qui en pose tant d’autres.
L’art du théâtre, en lui-même, peut être remis en question et par conséquent s’avérer être la révolte d’un Juste de Camus. Il est possible de commettre un assassinat d’idéologie(s) qui va pourtant à l’encontre de nos engagements spirituels ou moraux, de nos valeurs et/ou de nos principes. Alors, comment et jusqu’où pouvons-nous aller ?
J’ai la conviction que cette œuvre est une matière artistique « organique » sans psychologie futile. C’est pourquoi, je souhaite retranscrire ce drame avec fougue, folie, poésie et amour. L’atmosphère risque d’être « sombre, dynamique, absurde, et déjantée » plongé dans un univers urbain, violent, élégant et libérer.
Il est important pour moi de notifier que dans cette pièce la jeunesse possède toute sa légitimité. Je ressens son innocence, sa fragilité, sa beauté et son dynamisme. Pour cela, j’approche l’œuvre de Camus dans son universalité et son intemporalité. Le monde qu’est celui des Justes, dans lequel ces 5 membres de l’Organisation évoluent n’existera que dans l’imaginaire et pourra donc être transposé dans une société quelconque. Il est évident que je ne souhaite en aucun cas, détourner l’œuvre, son aspect textuel et philosophique. Au contraire, ce seront mes outils. C’est pourquoi, je vois plutôt cette œuvre comme une question que je pose au spectateur : ouvrir les esprits, les interroger, et les laisser choisir leurs propres réponses. Comme si au bout du chemin, j’apporterai du gris. Puisque justement, la vie ne peut se résumer qu’en une « unique » réponse exacte.
Je vise, cyniquement, la création d’une bombe humaine, à retardement. Pour cela, il faut suivre le tempo de la pièce : son rythme, le battement du cœur de ce drame et déceler le détonateur de la pièce pour finir la où nous l’attendions tous, l’acte en lui même, l’assassinat. Mais la fin ne s’arrête pas la… Elle ne s’arrête jamais la ! C’est pourquoi l’acte V est d’autant plus intrigant.
Les Justes est une pièce qui transpire.
Thomas Ribière