(c) Paul Desveaux
Une cité populaire anglaise, dans « l’après 11 septembre ».
Gary, ado laissé à l’abandon, tente de se construire dans une société sans avenir et est piégé : à la suite d’explosions dans son quartier, ses voisin.e.s, convaincu.e.s de sa culpabilité, le séquestrent. S’en suit alors un interrogatoire violent dont personne ne sortira indemne…
Thriller en trois parties, Oussama, ce héros nous plonge dans une exploration du monde urbain contemporain et de la nature humaine – dans tout ce qu’elle a de chaotique.
Quand Dennis Kelly choisit, en 2004, d’intituler sa pièce Oussama, ce héros, il ne le fait pas par esprit de provocation. « Ne pas choisir ce titre aurait toutefois été une preuve de lâcheté. »
Il décrit ici une humanité de périphérie, des personnages blessés, exclus, oubliés, qui cherchent un sens à leur existence. Il y a dans son écriture l’immédiateté du langage ; héritage du courant “in-yer-face” qui domine la scène anglaise depuis les années 90.
L’auteur nous parle de nos instincts, et donc de nos peurs, frustrations, traumatismes et de notre incapacité à les contrôler, les accepter. Les personnages glissent dans l’horreur, toujours sûr.e.s d’être du bon côté de l’histoire. La question du groupe, de son engrenage infernal et celle du bouc émissaire, sont ici centrales. Ce sont surtout des gens ordinaires dans une situation extraordinaire, qui tentent sans succès de garder le contrôle.
C’est la quête de personnages à l’abandon, isolés, noyés dans une culture sensationnaliste, qui ne trouvent pas d’autre alternative que la violence pour se faire entendre.
Léna Bokobza-Brunet