(c) Paul Desveaux
Comment fait-on pour cohabiter avec « l’autre » ? Kukushka, le « coucou » en russe.
Ce volatile rusé et débrouillard évoque la roublardise parce qu’il pond ses œufs dans le nid d’autres oiseaux. En effet, on prête des moeurs parasitaires à cet oiseau solitaire. Mais dans les traditions védiques, le coucou symboliserait l’âme humaine, avant et après l’incarnation. Le corps serait lui-même comme un nid étranger dans lequel l’âme viendrait se poser.
Dans une époque où on parle de « grand remplacement », où la situation des migrants empire de jour en jour, et où tant de personnes dorment dans la rue, Kukushka fait un pied de nez au mortifère « On est chez nous ». Le spectacle interroge la vision du nid, de ses frontières, et de comment y cohabiter. Livrés à euxmêmes, ces deux personnages solitaires malgré eux sont comme tombés du nid trop tôt : ils n’ont jamais eu le mode d’emploi. Nez à nez avec l’instant, ils sont emportés
par leur instinct de survie. Tels des enfants, leurs émotions défilent trop vite jusqu’à se superposer : les rires côtoient les larmes, les coups se succèdent aux embrassades, la candeur danse avec la malice.
Rémi Blasquez et Valentin Johner