(c) Paul Desveaux
En 1966 Pasolini lit les dialogues de Platon
ET on lui fait une commande de traduction de l’Orestie d’Eschyle.
Il écrit alors un manifeste sur le théâtre où exprime sa vision des tragédies d’Eschyle qui sont pour lui exclusivement des rituels politiques : « Le moment où Athéna institue la première assemblée démocratique de l’histoire, aucune histoire, aucune mort, aucune angoisse des tragédies ne donne une émotion plus profonde et absolue ». Dans ce manifeste il déclare ouvertement son opposition à l’avant-garde qu’il désigne par « théâtre du geste » (Artaud, Living theatre) ainsi qu’au « théâtre du bavardage ». Son théâtre se veut théâtre de la parole.
Et écrit alors une série de quelques pièces qui ne seront éditées qu’à sa mort, dont Pylade qui commence précisément à l’avènement de cette assemblée démocratique instituée par Athéna. Oreste y est le symbole des nouvelles institutions ; Pylade, son ami qui devient son ennemi, représente l’intellectuel bourgeois qui épouse la cause du peuple, déchiré entre son appartenance au monde bourgeois et son idéologie révolutionnaire ; Electre, soeur d’Oreste, est l’incarnation de la résistance des valeurs traditionnelles et s’oppose à l’avènement d’un nouveau monde. Athéna, y est la déesse de la raison et des institutions démocratiques.
Je désire suivre les pas de Pasolini en cette année 1966.
Nous nous entraînerons pour commencer sur le « jeu des idées », avec le dialogue Ion de Platon (dialogue entre Socrate et un grand acteur de l’antiquité, Ion). Puis nous explorerons certaines scènes de Pylade (et peut-être de Calderón) en mettant au premier plan le jeu des idées.
Le jeu des idées sera le motif principal de cet atelier.
Bruno Boulzaguet