(c) Miliana Bidault
Monica + Julie, c’est la première fois que j’ai eu la chance de voir mes textes sortir de la page pour s’installer dans les corps de mes ami·e·s et ensuite entrer dans les oreilles des spectateurs. C’était au début de 2016 et j’étais étudiante en deuxième année en écriture dramatique à l’École Nationale de Théâtre du Canada. J’avais un statut singulier puisque ma camarade de cohorte avait quitté le programme un an plus tôt. J’étais donc, à moi seule, ma cohorte.
La tradition voulait que les étudiant.e.s du programme d’écriture écrivent pour les étudiant.e.s du programme d’interprétation. J’avais décidé de saisir l’opportunité, de « faire jouer tout le monde » et d’écrire deux pièces. Je me disais, avec urgence et enthousiasme : peut-être que ça va être la seule fois de ma vie que je vais être produite.
Dans cet esprit, j’ai eu envie d’imaginer un genre de diptyque avec deux portraits de femmes qui se font écho, donnant à jouer à mes ami.e.s des personnages de leur âge et beaucoup de scènes de groupe. Adolescente, j’avais une fascination pour cette femme aux cheveux noirs qui passait à la télévision. Celle que ma mère, dès qu’elle l’apercevait, changeait de poste. Et cette autre femme, celle aux cheveux blonds, ce n’est pas moi qui l’ai choisi, mais plutôt l’endroit où j’habite… Monica + Julie.
Aujourd’hui, je suis touchée qu’une classe se réapproprie ces textes. Les plus beaux souvenirs de ce projet sont, pour moi, la découverte de la salle de répétition et tous les rires qui en surgissent. Je leur en souhaite de nombreux à tous, ainsi qu’à Jean-François.
Gabrielle Chapdelaine
Quand j’ai eu la proposition de travailler sur les textes de Gabrielle avec les acteurs/trices du Studio l ESCA, j’ai choisi parmi ses textes Monica et Julie sans connaître le contexte dans lequel Gabrielle les avaient écrits. C’est-à-dire pour ses camarades de l’École Nationale de Théâtre du Canada en section interprétation.
Je trouvais ces deux textes extrêmement généreux pour les acteurs/trices. Une écriture au service du jeu. Une langue à dire, une machine à jouer qui demande de s’amuser avec les archétypes sans tomber dans la caricature. Manier l’absurde tout en dosant l’outrance. Un exercice jouissif qui n’est pas sans piège. Humaniser ces personnages en tirant le réel par les cheveux. Une certaine forme de cruauté, d’humour grinçant qui me rappelle quelquefois Copi.
Jean-François Auguste