Partenariat avec le festival Jamais Lu et Théâtre Ouvert – Au marqueur permanent de Carolanne Foucher

Carolanne Foucher


(c) Paul Desveaux

En amont du festival Jamais Lu Paris qui se déroulera fin octobre à Théâtre Ouvert, l’autrice québécoise Carolanne Foucher est en résidence d’écriture aux Récollets afin d’aboutir à une première version (ou une version définitive) de son texte provisoirement intitulé Au marqueur permanent.

Voici ce que Carolanne dit de son projet: « L’histoire se déroule dans un Québec auto-fictionnel des années 90, tout en faisant écho, entre autres, aux trois vagues de dénonciations d’agressions et d’inconduites sexuelles des années 2014 (#agressionnondénoncée) 2018 (#metoo) et 2020. La pièce a comme point de départ un fait divers ayant eu lieu à l’université Browns en 1990, où un groupe de femmes a été surnommé par les médias locaux les «magic markers terrorists» puisqu’elles écrivaient et tenaient à jour sur le mur d’une toilette pour femmes du campus de l’université une liste d’hommes ayant des comportements sexuels répréhensibles. Les femmes ont cependant été énormément persécutées et mal vues, en plus d’être menacées, d’être poursuivies, ce qui n’est pas sans rappeler les événements de 2014, 2018 et 2020, et la réponse des médias et du grand public face à ces mouvements. Au marqueur permanent suit le destin de 5 femmes fictives ayant participé à ce type de soulèvement dans un Québec des années 90 : de leur rencontre l’une avec l’autre, aux réprimandes de l’école, au combat pour que la liste reste active, jusqu’à la dissolution du groupe quelques mois plus tard. (…) Le sujet est grave, mais sera tout de même traité avec humour, délicatesse et joie, parce que c’est comme ça que j’aime raconter des histoires, tout simplement. Il y aura des moments de lumière, et des moments qui font rire, parce que la vie, même quand c’est terrible, ça fait rire. Pas mal plus souvent qu’autrement. »

Notre stage sera à la fois un accompagnement de l’autrice dans son processus d’écriture et un labo de recherche scénique autour du matériau que ce texte en cours nous fournira. Par accompagnement, j’entends des temps de travail dramaturgique, lectures à table et/ou en espace, discussions sur les enjeux esthétiques, scéniques, politiques, de jeu que soulève le texte, dont Carolanne pourra se nourrir pour aboutir la pièce qu’elle est en train d’écrire. Dans la partie labo, l’accent sera mis sur le travail au plateau, le jeu, la recherche des possibilités de mise en scène et d’interprétation de ce matériau textuel. Théâtre
documentaire ou fiction? Jeu distancié ou incarnation naturaliste? Actrices témoins ou actrices interprètes? Ces deux axes de travail étant étroitement liés, ils se dérouleront dans un aller-retour organique de l’un à l’autre. Il est fort possible qu’au fil du stage, le texte évolue, que Carolanne réécrive des scènes d’un jour sur l’autre, et nous nous en servirons pour explorer les questions que ces changements posent dans le passage au plateau. Nous n’attendrons pas les nouvelles versions du texte, mais travaillerons toujours à partir de ce que nous aurons comme matière, en essayant de trouver au plateau des solutions aux possibles « manques » qu’un matériau en cours d’écriture présente. Les derniers jours du stage seront consacrés aux répétitions de la mise en lecture de Au marqueur permanent qui sera présentée publiquement le 3 novembre en ouverture du festival. En fonction de l’évolution du texte durant le stage, nous déciderons de la forme de cette lecture.
Sonia Ristic

du 17 octobre au 3 novembre 2023

Stage dirigé par Sonia Ristic