Stage autour de L’Asile de la pureté de Claude Gauvreau

(c) Paul Desveaux

« Je n’ai plus d’amis efficaces. Mes amis, à présent, ont la couleur du bonbon rose. Affaibli et saignant, bientôt saigné, à présent j’ai des tas d’ennemis efficaces. » – Donatien Marcassilar, L’Asile de la pureté, acte II

Claude Gauvreau est un dramaturge québécois dont l’œuvre poétique et théâtrale s’est déployée entre les années 1950 et 1970 dans un Québec replié sur lui-même.

Il fonde, avec plusieurs artistes provenant surtout des arts visuels, le groupe des Automatistes, qui s’inspire du mouvement surréaliste (déjà sur le déclin en France), mais en revendiquant toutefois une approche encore plus expérimentale et moins figurative. Les Automatistes rédigent en 1948 le mythique manifeste du Refus global et n’ont qu’un seul but : sortir le Québec de ce qu’on appelle la « grande noirceur », un moment sombre de notre histoire pendant lequel la politique et la religion catholique, main dans la main, restreignent l’esprit d’un peuple francophone qui cherche sa liberté.

Poète suicidé, Gauvreau met toujours en scène, dans ses pièces, un artiste maudit, tourmenté par la mort d’une muse, qui cherche à accomplir un projet que la « société » veut annihiler. Génie pour beaucoup, fou pour d’autres, certains disent même de lui qu’il a passé sa vie à élever au rang du mythe sa propre figure à travers ses œuvres. Qu’à cela ne tienne, son leg, bien qu’aujourd’hui niché, est fulgurant : il aura inventé notamment un langage qu’il baptise l’«exploréen», lexique de mots nouveaux créés par écriture automatique qui se désagrègent parfois jusqu’à la poésie phonétique.

L’idée de ce stage n’est pas de faire un voyage dans le temps et de rendre compte d’un contexte socio-politique révolu, mais bien d’ancrer cette parole radicale et poétique dans le moment présent. Il s’agit plutôt d’un stage d’interprétation pour des actrices et des acteurs qui veulent se confronter sensoriellement à une écriture foisonnante et complexe, qui veulent se connecter à leur ébullition intérieure, qui veulent s’égarer aussi. Comme dramaturge et metteur en scène, mon travail s’articule toujours autour de ce qui rend unique la plasticité de l’écriture d’un texte et à trouver les moyens pour qu’elle résonne dans toute sa puissance sur scène. C’est ce que nous tenterons de faire ici.

Durant ces quatre semaines, nous nous attarderons principalement à la restitution de sa première pièce, L’Asile de la pureté, dans sa quasi-totalité. Il y aura également au programme des réchauffements vocaux, des improvisations exploratoires au plateau, de l’écoute musicale, du travail choral, ainsi que des lectures d’extraits d’autres pièces, de poèmes et du manifeste du Refus global.

Sébastien David

du 3 au 24 juillet 2023

Stage dirigé par Sébastien David