(c) Paul Desveaux
« Je ne suis pas là pour donner du plaisir, mais pour combler l’abîme du désir »
Dans la solitude des champs de coton
Bernard-Marie Koltès est un écrivain voyageur. Pas dans le sens des récits d’aventuriers perdus en pleine mer. Mais un voyageur qui aurait sondé les âmes du Guatemala à New York, de Paris à Moscou.
Son théâtre n’est donc pas une fable française mais une histoire du monde où les personnages traverseraient les lieux perdus de ces territoires.
Il est aussi l’un des écrivains qui aura le plus marqué le théâtre du XXème siècle. Admirateur de Shakespeare, il aura fait émerger une nouvelle poétique où le concret des sujets se confronte à une langue d’une rare complexité. Il fut l’initiateur d’un théâtre contemporain à la hauteur de la tragédie élisabéthaine.
Koltès, en digne héritier du grand Bill, n’est pas un poète du drame mais de la tragédie. Et comme dans toute bonne tragédie, le langage est ici un révélateur des êtres.
La difficulté pour l’interprète est donc d’appréhender cette partition qui demande à la fois une grande technicité et une forme d’abandon, d’acceptation. Le théâtre de Koltès oblige l’acteur.trice à se livrer.
C’est une implication physique et le respect d’une musique. Car il s’agit bien ici d’une musique qui conjuguerait JS Bach et The Roots.
Au cours de ce stage, nous tenterons donc de chercher ce point infini entre le texte et le présent où se conjuguent les corps et les verbes.
Nous questionnerons aussi les sujets qui traversent l’œuvre de Bernard-Marie Koltès qui, malgré leurs caractères sociaux et politiques, s’est toujours refusé à les enserrer par ces définitions.
Mais peut-être est-ce dans ce refus que réside la tragédie ?
Paul Desveaux