(c) Miliana Bidault
Anton Tchekhov fait partie désormais des grands classiques européens. Non seulement parce qu’il a participé à la révolution de la littérature dramatique, mais aussi parce que son œuvre témoigne de mouvements historiques importants : la manière d’appréhender le théâtre, l’apparition de la psychanalyse, les mouvements sociaux de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle… et l’apparition de l’image animée.
Je ne pourrais le définir avec exactitude mais il existe une relation entre l’œuvre de Tchekhov et le cinéma. J’ai toujours soupçonné l’influence sur le 7ème art de cet auteur qui était à la transition de deux mondes, de deux siècles. Peut-être la filiation entre Stanislavski et Lee Strasberg qui prendra la direction de l’Actors Studio ? Stanislavski avait été influencé par l’écriture de Tchekhov pour sa nouvelle approche de la Formation de l’Acteur.
J’ai aussi des images qui me viennent à l’esprit comme une parenté à l’écriture du dramaturge russe. Tout d’abord les films de Nikita Mikhalkov. Mais aussi les drames de Claude Sautet, où apparaissent des personnages, frères fantasques et désespérés de Platonov ou Vania. Ou encore dans les histoires de famille d’Arnaud Desplechin, on reconnaitra une cousine de Lioubov ou d’Elena.
Et puis j’ai toujours voulu filmé le théâtre. Pas une image en direct du plateau. Mais un véritable film. J’ai souvent confronté l’image cinématographique au théâtre, mais pas encore sous cette forme.
Je souhaite donc continuer à questionner le rapport entre l’image et la scène. Ce qui les divise et ce qui les rapproche, et peut-être comprendre s’il existe un territoire commun.
Et j’aimerais tenter une aventure particulière : travailler sur La Mouette — dont un des sujets est le théâtre —, et filmer quelques scènes. Nous confronterons ainsi le signe théâtral au signe cinématographique.
Paul Desveaux