(c) Miliana Bidault
Développer sa sensibilités à la langue.
Découvrir les possibilités de la langue, La Possibilité de la langue, et l’enchantement de cela. Comment le jeu se frotte à la poésie, comment faire vivre l’alexandrin tout en le respectant, comment faire vibrer et « chanter » la langue, comme on dit d’un pianiste qu’il fait chanter le piano quand il a tiré de celui-ci les plus magnifiques sonorités (je ne parle pas bien sûr d’une diction chantante).
Je travaille selon les règles de François Regnault et Jean-Claude Milner dans leur admirable livre Dire l’alexandrin, et c’est merveilleux d’apprendre à étudier les règles, puis les comprendre, puis se les approprier et chacun de trouver sa liberté dedans, trouver l’extraordinaire plaisir du jeu dans ce cadre, qui loin d’être une “prison” devient au contraire un immense espace de possibilités… Comment le ludique naît dans la contrainte.
Pour moi la diction de l’alexandrin est intimement liée au jeu, aux sentiments, aux corps et donc bien sûr à la voix. Explorer les possibilités de la palette de chacun, comment le sens, le rythme, la sonorité des mots, leurs « couleurs » même vont faire réfléchir l’acteur, et lui faire inventer, créer par exemple les rythmes, la vitesse ou non de son débit, les pauses, le fort, le doux, le grave, le léger, le cri, le soupir…
Tout ça étant totalement lié à l’étude de la situation, du personnage, de ce qui lui arrive, eh oui aussi en alexandrin !!
Mettre en évidence toutes les possibilités qu’on a avec un texte qu’on va respecter totalement, tout en s’affranchissant de la raideur qu’ on croit nécessaire avec ces textes ! Quand ce n’est pas de l’inhibition !
Apprendre à PENSER son interprétation, à la CRÉER soi-même, comment ce travail d’acteur sera au service de la “diction“ de l’alexandrin, en même temps que celle-ci sera au service du jeu : chacun enrichit l’autre.
Trois axes :
– Connaissance et compréhension des règles
– Les appliquer pour les éprouver physiquement et intimement et trouver les liens entre le texte et la dynamique du jeu
– Arriver au plaisir de dire en incarnant pleinement le personnage
Marie-Armelle Deguy