(c) Paul Desveaux
Ce stage sera une exploration de la pièce de Shakespeare que nous travaillerons dans ma traduction.
La première étape se fera à la table par la lecture in extenso de la pièce, en ayant un regard sur les possibles (et les impossibles) de la traduction. L’œuvre étant immense et protéiforme (elle réunit à la fois la tragédie, le conte, la pastorale, la comédie, dans un baroque foisonnant), il me semble important d’en comprendre tout l’arc, d’en appréhender les contrastes. Nous tenterons donc dans ce premier parcours dramaturgique d’identifier les lignes maîtresses avant de déterminer les scènes que nous souhaitons travailler.
Une fois établi le corpus des scènes, les apprenti.e.s ferons un travail d’improvisation autour des thèmes principaux en rapprochant de plus en plus (au fil des exercices) de la matière textuelle. Il sera également demandé aux apprenti.e.s d’avoir toujours en tête tout l’arc de la fable. Et d’écrire des récits (charnières) qui raconteront la progression de l’histoire
entre les scènes travaillées. Ces récits constitueront un matériau scénique, car ils seront dits au plateau par elles et eux.
Nous chercherons à comprendre qu’elle est la juste distance à trouver dans l’interprétation d’un texte très écrit, qui avance par images poétiques, métaphores, jeux de langages. Nous chercherons donc à ne pas nous laisser emporter par le lyrisme mais à comprendre au mieux les nuances de l’écriture. Nous chercherons à trouver comment rendre concrète la très grande violence de l’histoire qui débute dans le délire de la jalousie, violence folle qui irrigue toute la pièce. Nous chercherons aussi à travailler quelques scènes chorales car c’est un exercice qui n’est pas si souvent pratiqué lors de l’apprentissage.
Enfin nous travaillerons quelques scènes de comédie pour en explorer la dynamique et voir comme elles s’articulent avec la mélancolie profonde qui traverse l’œuvre.
Je voudrais tenter de rester toujours dans un esprit de laboratoire, être en permanence dans la recherche plutôt que de chercher l’efficacité. Le but n’est pas de monter un acte ou un autre de la pièce, mais d’être toujours dans une fragilité active, dans une découverte.
Jean-René Lemoine